L’AOC Cahors

Une histoire remplie de péripéties…

Suite à la présentation du Malbec ce dimanche, voici l’une des régions dans laquelle ce cépage excelle : Cahors. Étoile montante à l’international, elle fait chavirer les cœurs et les palais des dégustateurs les plus fins. Prenez de quoi vous rafraîchir et en avant pour le voyage !

(La commune de Cahors est située dans le département du Lot, en région Occitanie, dans le sud ouest de la France)

Son histoire

C’est une des plus anciennes régions viticole d’Europe, les vignes sont apparues dès la période Gallo-romaine, soit il y a plus de 2 000 ans. Mais les péripéties commencent en l’an 92, lorsque l’Empereur Domitien ordonna l’arrachage des vignes. À cette époque, Rome était un grand Empire et la population était, elle aussi, grandissante. La culture des vignes devint secondaire car il fallait déjà nourrir le peuple, le blé semblait être le choix le plus important aux yeux de l’Empereur.

La viticulture entra dans un siècle “creux” : pas de nouvelles plantations et une superficie drastiquement réduite. Il faut attendre l’an 276 pour qu’un autre Empereur du nom de Probus, autorise la replantation du vignoble.

Tout se passa à merveille jusqu’à ce que les invasions barbares au IVème et Vème siècle, ne viennent détruire tout ce qui avait été fait jusque là… Mais les viticulteurs, avec en chef de file l’Evêque Saint-Didier, ne perdirent pas espoir en relançant les plantations en 630.

Petit saut dans le temps.

On se retrouve en 1152 où un événement majeur a eu lieu : le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II, roi d’Angleterre. Cet union favorisa le développement des vins de Bordeaux mais également de l’arrière-pays, en particulier ceux de Cahors. Certains prétendent même que certaines bouteilles venant de la région se sont retrouvées sur leur table… Légende ou non, à vous d’en juger!

Les vins étaient expédiés par bateaux pour atteindre l’Angleterre, notamment la cour du roi. Voilà qui fait les affaires de tous : des ventes pour la région Sud Ouest et du bonheur pour la cour anglaise. Le Cahors se fit, au fil des années, une réputation dans les quartiers de Londres, les anglais appréciant la qualité des vins livrés leur donnèrent un petit nom : “The Black Wine”. Il fut ensuite coté sur le marché de Londres en 1225.

(Des navires marchands quittant le port de Bordeaux pour l’Angleterre)

Le vin de Cahors devient alors un véritable concurrent pour les vins de Bordeaux, et c’est pourquoi la réaction ne se fit pas attendre. En 1241, les viticulteurs bordelais obtiennent du roi Henri III d’Angleterre un privilège qui va modifier quelque peu le commerce: les vins produits en dehors du vignoble bordelais ne peuvent pas transiter dans le port de Bordeaux avant Noël

Cela permet aux vins locaux de se vendre plus rapidement, ceux de Cahors un peu moins. Néanmoins, Le vin fut immédiatement apprécié, au point qu’en 1310, celui de Cahors représente la moitié des exportations voyageant par le port de Bordeaux. Il acquiert une notoriété internationale en atteignant diverses contrées : la Hollande, l’Allemagne, la Russie et même l’Amérique !

Le saviez-vous ? En Russie, le Tsar Pierre Legrand appréciait particulièrement le Caorskoïe Vino (vin de Cahors), et l’Église Orthodoxe l’utilisait comme vin de messe.

En 1371, les bordelais décidèrent de surtaxer les vins de Cahors, un concurrent dorénavant bien établi, passant obligatoirement par le port de Bordeaux.

Le privilège bordelais prit fin en 1773, soit cinq siècles après sa mise en place, grâce à Louis XVI. Il permet ainsi, d’après son décret, de “faire circuler les vins dans toute l’étendue du royaume, de les emmagasiner, de les vendre à tous lieux en tous temps” tout en abolissant les privilèges locaux.

(Représentation de Louis XVI, roi de France et de Navarre de 1774 à 1791, puis roi des Français de 1791 à 1792)

Suite à l’absolution de ces privilèges, les voies de communication s’améliorèrent et profitèrent à diverses régions comme Cahors. La viticulture du Lot connait un essor considérable aux XIXe siècle. La « folie de la vigne » gagne tout le territoire et le vignoble s’étend jusque sur les sols arides des coteaux (58 000 ha de vigne en 1866).

Mais à la fin du XIXe siècle, le phylloxéra empêche l’expansion du vignoble. En 1890 plus précisément, 90% des vignes sont ravagées… Puis ce fut la Première Guerre Mondiale, qui toucha durement l’économie, en provoquant également un manque de main d’oeuvre.

Relancer le vignoble devient très difficile pour les viticulteurs locaux puisque la Seconde Guerre Mondiale vient les en empêcher. Nos chers vignerons ne désespèrent pas et dès la fin de la guerre, en 1947, ils créèrent la cave coopérative de Parnac. Une poignée d’hommes associent efforts et volonté pour développer de nouveau le vignoble, avec pour principal objectif la résurrection du Malbec.

Malheureusement, une énième péripétie refroidit les espoirs : le gel de 1956 détruisit les efforts et ruina, encore une fois, de nombreux vignerons. Dans certaines régions, ce ne sont pas moins de 80% des vignes qui sont éradiquées par ce grand froid.

Suite à cela, les vignes sont replantées : du Malbec (ou Auxerrois) principalement mais aussi des cépages accessoires : le Merlot et le Tannat.

Le 8 septembre 1964, la Confrérie des vins de Cahors est créée: les quinze membres du Conseil d’Administration du Syndicat de Défense des Vins d’Appellation d’Origine « Cahors » se réunissent publiquement sur la Place des Pénitents de Luzech. Cette confrérie rassemble des personnes défendant la cause des vins de la région.

En 1971, le Président Georges Pompidou fait promulguer un décret, que l’on peut voir comme une consécration, permettant aux vins de Cahors d’être classés en AOC (Appellation d’Origine Contrôlée). L’appellation ne couvrait que 440 hectares durant cette période.

(Photo prise en 1969 de Georges Pompidou, président de la République française du 20 juin 1969 au 2 avril 1974)

Aujourd’hui, le vignoble de Cahors compte environ 4 500 hectares de vignes pour une aire géographique délimitée de 21 700 hectares répartie sur 45 communes.

Nous en verrons les caractéristiques ainsi que sa situation actuelle dans un prochain article.

En vous souhaitant de futures belles dégustations…

À bientôt


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